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Jour de viande… ou angoisse préhistorique.

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Ce matin, vêtue de mes peaux de bêtes les plus fines et armée du gourdin habituellement dissimulé dans les fourrés qui masquent l'entrée de ma caverne, j'attends le visiteur annoncé par les signaux de fumées de ma voisine Argaoum. (sic)

L'angoisse monte, il fait un froid de chien baltique, pourtant des gouttes de sueur perlent à mon front. Argaoum n'est pas experte en signaux de fumées (râle pas Argaoum, c'est vrai) mais ils avaient la consistance de ceux qui annoncent le redresseur d'impôts ou la meute de loups affamés.

Si vous étiez attentif à mes propos et aux péripéties d'une vie de mh, vous vous demanderiez, pourquoi cette pauvre enfant revêt ses atours tannés de frais et courts coupés pour accueillir l'inconnu menaçant. Sachez, mesdames et messieurs, qu'en ces temps préhistoriques, lorsque vous êtes une fille seule à chasser le bison avec les copines, il faut savoir saisir l'occasion de confier les tâches les plus ardus au moindre dominant de l'espèce qui se présente. En ces temps obscurs, il y a moins de risques à agencer la déco de la caverne ou à cueillir des bais en vous faisant lutiner par Nestor- homme malin et végétarien- qu'à courir après les protéines.

Le gourdin à la main, je guette derrière les fourrés entre suées et claquements de dents. J'aurais pu poser les armes et continuer à épiler mes jambes avec l'épilateur rotatif à silex que j'ai mis au point avec Argaoum, mais on ne fait pas toujours ce qu'on veut.

Boung, boung, boung, j'entends quelque chose. Je cesse immédiatement de claquer des dents. Une puanteur d'homme mal lavé précède une ombre gigantesque. Il approche, il est là pouah, quelle misère ! Je ne respire plus, si je tape un grand coup, il est cuit. Bon c'est pas le moment de tergiverser, tu l'assommes où tu l'invites à prendre un thé ? Je lève mon gourdin. Boung, boung boung. Il se retourne au moment où je vais le frapper. Je distingue au loin d'autres signaux de fumées d'Argaoum qui décidément ne fait pas de progrès. Boung boung boung. J'entends mon cœur battre comme une grosse caisse. Boung, boung boung. « mh ! » Comment il connaît mon nom l'hideux australopithèque ? Il a torturé Argaoum, c'est pour ça que ses signaux de fumées sont si confus. Tu vas voir toi tu vas voir ! Je lève lentement le gourdin qui pèse une tonne et je me prépare à l'abattre sur la tête de l'intrus qui revient vers moi. Boung. Voilà ça y est. Le type s'affale de tout son long devant mon entrée. J'ai mal au bras et je suis toute tremblotante. Je crois bien qu'il est mort. À défaut de dominant ça va nous faire de la viande pour une semaine. Je suis bien un peu dégoûtée là mais je lui redonne un petit coup sur la tête juste pour m'assurer de sa qualité de casse-croûte. Puis, je rentre me rincer les mains à la source de la caverne. Boung, boung, boung.

- mh !

Argaoum m'appelle, elle a l'air en colère. Tout devient flou autour de moi. Je me dirige vers l'entrée. Boung, boung, boung. Les fourrés se dissipent, l'image de la caverne disparaît, un ronronnement, étrange parvient à mes oreilles.

- Ouvre mh ! J'ai des victuailles et une surprise.

Je me dirige vers la voix me demandant si le type ne m'a pas engourdinisée à son tour. Je parviens enfin à trouver les clefs et j'ouvre.

-AHHHHHHHH !

L'australopithèque casse-croûte, se tient debout sur le pas de ma porte avec un sourire carnassier et un panier à la main. Je suis sur le point de m'évanouir quand Argaoum, enfin Malie, part d'un rire séducteur.

- Je te présente Jean, il est cuisinier. Comme tu as la grippe j'ai pensé que cela te ferait plaisir que l'on vienne déjeuner…

J'ai retenu mon bras et mes émotions qui allaient claquer la porte au nez de mon amie. Je suis partie m'asseoir avec elle sous la mezzanine tandis que Jean préparait le repas. Pelotonnée dans l'étole ivoire, à peine émergée des brumes du sommeil j'ai dit :

- Malie, c'est si bon un homme dans la cuisine…

Ensuite, je suis partie d'un fou rire que rien n'a pu arrêter avant le rosbif.

mh,

Catégories : La lettre de mh 13 commentaires Imprimer Pin it! Lien permanent

Commentaires

  • Houlala! La loi du gourdin est dure, mais c'est la loi.
    mh, tu as un sacré talent de conteur. Et tu en fais bon usage!

  • original et fort sympatique, je suis tentée par ton idée de gourdin... hum a méditer.. Continue d'écrire :p les fans arrivent lol

  • Je JE MAITRISE LE DESASTRE !
    C'est quand que ma douce et chere enfant cessera d'arracher les fils electriques des murs ???

    mh, un peu, un peu au dela des choses

  • les tits filles c'est comme les lapins. (tu te souviens du lapin de sylvie ?) il faut leur donner du persil.

  • Euh faut m'expliquer là, pas comprendre ? Et j'ai oublié le persil à part celui des maths.

  • j'ai l'impression d'avoir lu un chapitre caché de "pourquoi j'ai mangé mon père" de Roy Lewis...Aussi savoureux...dans tous les sens du terme :-)!!

  • Pour récupérer l'argent, j'ai gentiment baffé la conne. "ça c'est à moi. ça c'est ma tune!". Je riais intérieurement. Je savais que cette pute ne pourrait rien. Je l'avais ramassée dans le bois de Boulogne. Première pute. Première demande: "Fais-moi cadeau d'la passe. Ok?" .

    Trouve le reste sur http://hirsute.hautetfort.com

  • Hi hi hi que j'ai ris !
    Toi aussi, pas de bol avec les microbes !!!!!!!!

    Bon retablissement, bonne bouffe et à bientôt

  • (c'est parce que les lapins mangent les fils electriques. mais maintenant elle est grande, y a prescription, plus besoin de persil.)

    mais t'es une cannibale prehistorique !

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